dimanche 3 mars 2024

Mars 2024

 L’âme est faite pour aimer



Le flocon de neige, le grain de quartz, le prisme de basalte savent former leur figure. La feuille sait s'ouvrir, la branche s’étendre vers le soleil. La bête a su se détacher du sol, se faire son indépendance, sa chaleur, ses désirs à elle.

Dieu a voulu que dans toute la Création, de la pierre à la plante, de la plante à la bête, de règne en règne la vie montât.  Sous son souffle, elle a trouvé la géométrie du cristal, puis la croissance de l'arbre, puis le mouvement, le sang chaud, l’instinct de l'animal. Chaque fois, par un coup de génie prodigieux, elle a dépassé toutes les données du règne antérieur.

Et au-dessus des trois règnes, le règne humain s'élève à plus de vie encore. L’homme n'est-il pas l'être unique, né pour un prodige à lui propre, il a l'action et la raison: il a l’esprit, le choix, la liberté. Il se sent libre: faire ou ne pas faire. Mais quoi faire ? A quoi s'emploiera-t-il, dans sa liberté, avec la même certitude que le sel qui cristallise, que l'herbe qui pousse, que l'oiseau qui couve ses œufs.

C'est le Christ qui révèle à l'homme sa destination profonde: l'âme est faite pour aimer. Vous êtes fils d'un même Père, qui vous aime: soyez ces frères, entr'aimez-vous, entr'aidez-vous, travaillez à faire ce monde tel que le Père a désiré qu'il fût.                                                                                           

Servir et aimer, voilà la certitude intérieure de l'homme, inscrite en sa nature, comme la figure de son cristal l'est dans la nature du quartz.                                                                                                      

Les gens simples à qui Jésus apporte ce message, d'un coup l'ont senti, c'est cela ! Le grand commandement nouveau fait lumière pour tout homme venant en ce monde. Celui qui veut vivre de vraie vie se tourne vers cette parole, comme la plante qui veut respirer se tourne vers le soleil. De tout son être, chaque créature s'efforce à sa destination.  Au plus bas, le plus élémentaire, l'atome, avec une phénoménale énergie se concentre sur son être. Au plus haut, le plus complexe, le plus vivant, l'homme, a à sortir de son être, de son moi, à se donner. Il est fait pour l'amitié. Son sang l'y porte, s'il est assez rouge, comme la sève de l'arbre à pousser son branchage vers la lumière.

Ici, une fois de plus, la vie se dépasse: elle débouche  dans un nouveau royaume. Comme elle a inventé de  faire avec ce qui ne pouvait que tomber ce qui pousse,  ou avec ce qui ne pouvait vivre qu'attaché à la terre ce  qui s'en détache, ici, par l'homme, avec ce qui semblait  ne pouvoir être qu'égoïsme, elle fait le contraire de  l'égoïsme: l'amour.                                                                          

Au sommet de la Création, il fallait l'être libre, donc  capable d'aimer, pour aimer et répondre ainsi au  Créateur. Le monde maintenant a un sens et l'homme  connaît sa vérité de vie.

Henri Pourrat

La bienheureuse Passion (p 20)

Résolution

En ce temps de Carême, contemplons et accompagnons notre Sauveur dans Son chemin de Croix où Il nous révèle qu'il n'y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour Dieu, pour ceux qu'on aime.  Donner sa vie, c'est d'abord s'oublier. 

vendredi 29 décembre 2023

Décembre 2023

 

L’orgueil, fondement de l’empire de Satan, premier ennemi de la Charité

 

Filius hominis non venit ministrari sed ministrare. (Matth., xx, 28)

Le fils de l'homme n'est pas venu pour être servi, mais pour servir.

 

Par le péché de nos premiers parents, le Démon s'était emparé de l'homme et de toutes les créatures. « Tous les royaumes et toutes les richesses du monde sont à moi, disait-il à Notre-Seigneur: je te les donne si tu veux m'adorer » (Matth, IV, 9). En descendant sur la terre, notre divin Rédempteur est comme un Roi qui, après une longue absence, vient reprendre son empire et chasser l'usurpateur. Lui-même annonce son entreprise en disant: « Le moment est venu où le Prince de ce monde va être mis à la porte: Nunc princeps hujus mundi ejicetur foras»  (Jean, XII, 31),

La guerre commence à la grotte de Bethléem.  Ô profondeur de la sagesse de Dieu!  C'est en naissant dans une étable, pauvre et humilié, que le divin Conquérant ébranle jusque dans ses fondements la puissance infernale. C'est en se faisant esclave qu'il commence à dépouiller Lucifer, et à justifier le nom mystérieux que lui-même a reçu des prophètes. Vous l'appellerez, dit Isaïe : Hâte-toi d'enlever les dépouilles; hâte-toi de ravager. (Is, VIII, 3)

L’orgueil, c'est-à-dire l'esprit d'insubordination, est le fondement le plus profond de l'empire de Satan, l'appui le plus solide de son trône. C'est la chaîne la plus lourde et la plus difficile à rompre, dont il ait chargé l'homme, son esclave. Pour briser cette chaîne et miner ce fondement, que fait le Verbe éternel ? A l'orgueil et à la désobéissance, élevés jusqu'au comble, il oppose l'humilité la plus profonde et la soumission la plus complète. Il se fait esclave et il en remplit les fonctions.

« Voyez, dit Bède le Vénérable, le Fils de Dieu devenu l'Enfant de Bethléem. À peine est-il né, que, pour nous délivrer de l'esclavage, il se fait inscrire comme sujet de César, et paie le tribut de la servitude » (Luc, II). Ce n'est là qu'un premier signe de dépendance: en voici un second.  Afin de commencer à payer les dettes de notre orgueil, au prix de ses abaissements et de ses souffrances, il se laisse, tendre enfant, lier comme un esclave dans les langes du berceau. Pour lui, ces langes sont l'annonce et la figure des cordes, dont il devra un jour se faire lier par les bourreaux, en marchant au supplice.

Sa vie entière n'est qu'un long acte de servitude. Pendant trente ans, lui, le Maître du monde, obéit à deux de ses créatures, Marie et Joseph, et erat subditus illis. Constamment aux ordres de l'un et de l'autre, tantôt, à la voix de saint Joseph, il travaille à dégrossir le bois nécessaire pour l'état de son père nourricier; tantôt, à la voix de Marie, il ramasse les menus fragments de ce bois pour le foyer. On le voit tour à tour balayer la maison, puiser de l'eau, ouvrir et fermer l'atelier. «En un mot, dit saint Basile, Marie et Joseph, étant pauvres, étaient obligés de vivre du travail de leurs mains. Pour exercer l'obéissance et montrer le respect qu'il leur portait, comme à ses supérieurs, le Verbe fait chair se livrait à tous les travaux qu'il pouvait humainement accomplir ».

L'histoire rapporte comme un prodige d'humilité, que saint Alexis, fils d'un des plus grands seigneurs de Rome, voulut vivre, et vécut en effet, pendant dix-sept ans comme un serviteur inconnu dans la maison de son père. Mais qu'est-ce que l'humilité de ce saint, comparée à l'humilité de l'Enfant de Bethléem? Entre fils et serviteur du père de saint Alexis, il y a sans doute une différence de condition; mais c'est une différence bornée. Entre Dieu et serviteur de Dieu, la différence est infinie. Ce n'est pas tout: en se faisant serviteur de son Père, le Fils de Dieu s'est fait par obéissance serviteur de ses propres créatures, et erat subditus illis.

O Dieu! et nous refuserons de nous soumettre au glorieux esclavage de cet aimable Enfant, qui, pour nous sauver, s'est lui-même dévoué à la servitude la plus profonde! Plutôt d'être les heureux serviteurs de ce Monarque si grand, nous aimerons mieux être les esclaves dégradés du démon! A ce Roi si bon et si magnifique, nous préférerons Satan: maître cruel qui n'aime pas ses serviteurs, mais qui les hait, qui les traite en tyran, qui les dépouille et les rend malheureux dans ce monde et dans l'autre!

Si nous avons à nous reprocher une pareille folie, pourquoi ne pas sortir sur-le-champ de notre honteuse et déplorable servitude? Pourquoi, délivrés de l'esclavage du démon, ne prenons-nous pas, ne couvrons-nous pas de nos baisers, les douces chaînes qui nous rendent serviteurs et frères de l'Enfant de Bethléem ; qui nous attachent glorieusement à lui, et qui se changeront en couronne de gloire pour l'éternité?

O Monarque du monde, devenu esclave et serviteur pour l'amour de moi! J'ai honte de paraître aujourd'hui devant votre crèche, monument éternel de vos abaissements. Je rougis à la pensée de mon orgueil, au souvenir de mes folies et de mes ingratitudes. Reprochez-les-moi, aimable Enfant; vous avez raison. « J'avais brisé vos chaînes, me dites-vous, et vous m'avez dit: je ne veux pas de la liberté que vous m'offrez; je préfère l'esclavage; j'aime mieux être soumis au démon qu'à vous ».

Je reconnais ma faute et je m'en repens. Vos mérites infinis, ô mon Sauveur, animent mon espérance. J'attends mon pardon de cette inépuisable bonté, qui ne vous permet pas de mépriser un cœur contrit et humilié, cor contritum et humiliatum, Deus, non despicies. Prenez les chaînes de votre amour, mettez-les à mes pieds et à mes mains; que je ne puisse jamais les rompre ni faire aucun mouvement contraire à votre volonté. J'aime mieux, aimable Enfant, être votre serviteur que le maître du monde. De quoi sert le monde entier à celui qui est privé de votre grâce ? (Mtth, XVI, 46)

Mgr Gaume

Bethléem ou l’école de l’Enfant-Jésus

 

Résolution

En ce temps de Noël, contemplons l’Enfant de la Crèche qui nous donne le plus grand exemple du remède à l’orgueil : l’humilité.  Pour soutenir notre méditation, n’hésitons pas à user d’ouvrages comme Bethléem ou l’école de l’Enfant-Jésus (Mgr Gaume) ou Noël : neuvaine et méditations (Saint Alphonse de Liguori)

lundi 14 août 2023

Août 2023

 Délicatesse dans la pratique de la charité fraternelle.

La Très Sainte Vierge,  Mère toujours attentive, soutient nos efforts
et atténue les petites difficultés
 

Il n'est pas besoin de détailler les actes extérieurs que ce tourment d'amour incite à poser au fur et à mesure de son développement. Ils peuvent être 'très variables selon les circonstances, Il est cependant une manifestation essentielle sur laquelle nous nous permettons d'insister, à savoir une grande délicatesse dans la pratique de la charité fraternelle.

Nul ne contestera que le tourment d'amour pour le salut des âmes ne soit en lui-même un acte éminent de charité fraternelle. Mais, s'il est vrai, il rejaillit nécessairement à l'extérieur. Maint détail peut nous donner l'occasion de prouver que nous aimons nos frères comme Notre-Seigneur les a aimés et que nous sommes prêts à tout pour les aider à se sanctifier et par suite à trouver le vrai bonheur.

Rien d'ailleurs n'est peut-être plus efficace que la charité fraternelle pour préparer les âmes à s'ouvrir à l'action de la grâce. Elle constituera d'one en réalité un apostolat direct que nous avons à tout instant l'occasion d'exercer sans qu'il nous détourne de notre devoir d'état, même dans la vie contemplative.

Il ne s'agit pas en effet de faire de longs discours, bien que, lorsque l'occasion se présente de parler de l'amour de Dieu, nous ne devions pas craindre d'en rendre témoignage. La reconnaissance nous fait un devoir de révéler à ceux qui nous approchent le bonheur qu'on éprouve en s'efforçant d'aimer Dieu, et comment nous avons trouvé le centuple en nous livrant à Lui sans réserve.           

Mais dans la vie quotidienne nous voulons prouver la réalité de notre amour pour Dieu, notre Père, en aimant pour Lui tous nos frères.

Dans ce but l'Esprit-Saint nous fait adopter spontanément une attitude très simple, dans laquelle on peut cependant distinguer trois éléments dominants. Nous voulons d'abord éviter tout ce qui peut faire souffrir notre prochain.

Ainsi éprouvons-nous le besoin de veiller toujours attentivement sur nos paroles, même lorsque nous n'avons que rarement l'occasion de rompre le silence, car nous savons que les manquements sur ce point déplaisent souverainement au Seigneur. Nous saisis- sons de même avec joie les différentes occasions qui se présentent de nous gêner un peu pour supprimer ce qui risque de faire de la peine à ceux qui nous entourent. Le démon est si habile à profiter des moindres failles pour essayer de susciter la zizanie dans les groupements les plus unis que nous attachons une grande importance à ce qui peut renforcer l'unité de tendance vers un même idéal. Nous combattons de plus résolument en nous les défauts qu'on peut nous signaler afin d'éviter de rendre la piété ennuyeuse.

Par ailleurs nous ne nous étonnons pas des petits heurts que nous avons à subir malgré la bonne volonté de tous. Plus le zèle des âmes embrase notre cœur, plus nous les supportons facilement en nous gardant bien d'apprécier trop vite les intentions. Nous avons appris à nous méfier de notre première impression: elle est bonne si un tel nous est sympathique..., mais pour peu que nous éprouvions envers lui une certaine antipathie…

Nous laissons donc tomber aussi souvent qu'ils tentent de revenir à la charge ces petites rancunes secrètes, ces relents de jalousie qui, entretenus volontairement, rendraient impossible tout élan vers Dieu et nous empêcheraient de nous faire tout à tous. L'amour nous fait voir le Christ dans tous ceux qui nous côtoient. Et, au lieu de nous arrêter à juger humainement et à nous agacer de tel ou tel travers, nous allons au-delà des apparences et reconnaissons Dieu qui vient à nous par nos frères. Il nous semble peut-être qu'à Sa place nous aurions choisi autrement; mais nous ne voulons pas discuter ce qu'Il fait et nous profitons avec joie des occasions qu'Il nous donne ainsi de Lui prouver notre amour.

Bien plus nous voulons nous dévouer à nos frères en profitant de tout ce que nous permettent les circonstances et le devoir d'état. Ce dévouement, dont le champ d'action est extrêmement varié, trouve à s'exercer d'abord sur le plan matériel. Lorsqu'on aime, on s'oublie facilement et on est ainsi toujours prêt à rendre service. Nous évitons d'être indiscrets et importuns en nous offrant à temps et à contretemps. Mais nous avons à cœur de répondre: « Oui », tout de suite, avec un franc sourire, dès que l'on nous demande un service, laissant entendre par là que nous sommes disponibles chaque fois qu'il s'agit de faire plaisir.

L'amour soucieux de soulager la peine et la misère se traduit également sur le plan spirituel.

Animés du désir de faire aimer Dieu toujours davantage, nous voulons soutenir de façon spéciale ceux qui sont dans l'épreuve. L'action directe, nous serait-elle permise, risque parfois d'aviver des douleurs! que seule la grâce peut apaiser. Nous faisons du moins passer dans notre sourire toute notre affection surnaturelle; et l'expérience prouve que dans les grandes épreuves voulues par Dieu c'est un des rares soulagements efficaces qu'Il permette.

Il s'établit ainsi, autour de ceux qui cherchent  Vraiment Dieu et en qui brûle un tourment d'amour  pour les âmes, une atmosphère de charité fraternelle  rayonnante, toute de paix et de joie, qui dilate les cœurs et favorise puissamment leur élan vers Dieu. Nous la retrouverons d'ailleurs autour de ceux qui sont totalement livrés au Seigneur.

Notons simplement pour l'instant que cette charité vraiment surnaturelle, outre sa valeur d'apostolat, rend vraiment gloire à Dieu : De même que dans certaines familles nombreuses l'entente parfaite des frères et des sœurs fait la joie et la gloire des parents, de même l'union intense des membres d'une communauté glorifie leur Père des Cieux d'une manière très spéciale. - Et nous pensons non seulement aux communautés religieuses, mais aussi aux groupements divers que l'on rencontre dans le monde : communautés paroissiales, communautés de travail …

L'amour surnaturel qui crée la communion des esprits et des cœurs, tout on aidant chacun à mieux répondre à l'amour de Dieu, s'élance comme un hommage et un chant de louange vers le Père de tous ces frères du Christ qui sont heureux d'habiter ensemble, ainsi que vers la Très Sainte Vierge, la Mère toujours attentive qui soutient leurs efforts et atténue les petites difficultés.

Tel est l'idéal vers lequel nous devons tendre dès le début de notre vie chrétienne, mais qui à certains moments de la vie spirituelle répond à nos aspirations les plus intimes. Un tourment paisible et fort nous excite à, nous oublier de plus en plus pour aider nos frères à trouver la perle précieuse. Souvent le Saint-Esprit demande encore un nouveau progrès.  Il nous fait comprendre que nous devons regarder plus haut et que, sans rien négliger de ce que nous venons de dire, la perfection de l’amour exige que nous nous livrions davantage à Son Action.

Dom Bélorgey

Dieu nous aime (p 173 à 178)

mercredi 12 juillet 2023

Juillet 2023

La Charité, tourment d'amour.

Sainte Marie-Madeleine
notre modèle de recueillement pour ce mois de juillet

L'Esprit-Saint Se charge d'ailleurs de nous apprendre Lui-même à progresser, pour peu que nous soyons fidèles à répondre aux moindres de Ses indications. Peu à peu et à Son heure Il fait naître en nos cœurs un tourment d'amour qui transforme complètement l’allure de notre vie intérieure et lui donne une valeur bien différente. Nous ne sommes plus guère exposés alors à nous arrêter aux consolations que Dieu nous accorde ou à songer à notre propre sanctification plutôt qu'à la gloire de Dieu. Tout notre être est animé d'une ardeur secrète, d'un zèle passionné pour le salut des âmes.

C'est généralement dans le silence de la vie d'oraison que ce tourment d'amour commence d'une façon paisible et s'intensifie sans cesse davantage. Nous entrevoyons par exemple à quel point la Passion peut être compromise si nous n'intervenons pas. Nous communions d'une façon très spéciale aux souffrances de Jésus.

Mais nous comprenons en même temps que compatir ne suffit pas. L'amour nous pousse à reproduire quelque chose des souffrances du Maître, du don qu'Il a fait de Lui-même aux hommes, et cela en nous « donnant » nous aussi, non pas en quelque occasion éclatante, mais dans le détail de chacune de nos journées. Nous Lui offrons ainsi toutes les délicatesses de notre amour affectif, qui sont une de nos plus belles richesses, en y joignant le complément normal et indispensable d'un amour effectif de tous les instants.

Il n'est plus question de discuter l'expression de la volonté de Dieu et de Son Bon Plaisir quel qu'il soit. Toutes les épreuves qui se présentent, les souffrances aussi bien physiques que morales, nous apparaissent comme une occasion providentielle de prouver à Dieu notre amour. Nous oubliant toujours davantage, nous ne songeons plus qu'à agir avec plus d'amour, qu'à aimer au maximum avec une délicatesse sans cesse plus en éveil.

Nous avons un vrai désir d'éviter bien des petites omissions qui sont en réalité des résistances à la grâce. Par de brefs appels ou de rapides lumières intérieures, l'amour nous sollicite fréquemment. Faire la sourde oreille devient une chose grave pour une âme aimante. Si volontairement nous refusons de retenir un regard, une parole, un signe, alors que nous percevons nettement que le sacrifice nous en est demandé, c'est une âme que nous refusons de sauver.  Jésus attendait de nous cette offrande pour lui octroyer une grâce peut-être décisive pour son salut.

Mais l'amour nous poursuit sans cesse et nous presse de multiplier les marques positives de notre délicatesse. Chaque fois que nous nous apercevons qu'une petite infidélité nous a échappé, aussitôt nous voulons la réparer au moins au double. Nous ne laissons passer aucun des points que nous recommande notre Règle ou qui sont dans la ligne de notre devoir d'état.

L'Esprit-Saint Lui-même nous fournit l'occasion de prouver notre générosité. Il nous fait pressentir les exigences toujours plus profondes de l'amour. L'âme aimante est sans cesse attentive et reconnaît aussitôt la voix qui la sollicite: « Parlez, Seigneur, votre serviteur écoute. »

Nous sommes ainsi toujours prêts à répondre dès que Jésus nous fait comprendre qu'une âme a besoin de notre aide. Nous sommes continuellement aux aguets pour rivaliser d'amour et essayer de prévenir les moindres désirs de Celui qui veut nous associer si intimement à Son œuvre rédemptrice.

Dom Godefroid BELORGEY

Dieu nous aime (p170 à 173)

 

Résolution :

En ce temps de vacances, prenons plus de temps pour « le silence de la vie d'oraison », source indispensable de la Charité qui pourra rayonner autour de nous.

vendredi 16 juin 2023

Juin 2023

Le Cœur de Jésus, source de paix.

 


La paix est appelée par saint Augustin « la tranquillité de l'ordre». Elle consiste, dit saint Thomas, «en l'harmonie parfaite résultant en nous et en autrui, de ce que toutes nos affections et celles des autres sont orientées vers Dieu, objet suprême du bonheur parfait. » (II-II, q 29, art 1).

La paix est incompatible avec le péché qui introduit en nous le désordre moral et détruit nos bons rapports avec Dieu. C'est pourquoi la Sainte Ecriture dit « qu'il n'y a pas de paix pour l'impie. » (Ps. LXIII.)  

Elle ne règne pas dans le cœur de l'homme qui est victime des agitations intérieures, qui se laisse dominer par les émotions désordonnées ou qui est esclave de ses impressions et de ses caprices.

Elle nous est encore soustraite, lorsque de nos rapports avec nos frères sont bannies la justice et la charité.

La paix, d'après saint Paul, est le don du Christ.  Il la souhaite à ses disciples, en disant: « Qu'en nos cœurs triomphe la paix du Christ.» (Col. III, 15.)

Le Bienheureux Jean de Ruysbroeck l'Admirable nous invite à chercher dans les plaies de Jésus, et particulièrement dans son Cœur transpercé, la réconciliation qui procure cette paix : « Il a étendu  ses bras, dit-il, pour vous embrasser et pour vous recevoir. Etablissez votre demeure dans l'intérieur de ses plaies, comme la colombe dans le creux du rocher.

« Approchez votre bouche de son Côté. Semblable à l'athlète et au géant, Il a combattu pour vous jusqu'à la mort. Il a vaincu vos ennemis et par sa mort Il vous a délivrés de la mort de vos péchés.  Il a payé votre dette et en vous rachetant par son sang précieux, Il vous a obtenu l'héritage de son Père.» (Le livre des sept châteaux, ch 12)

Jésus-Christ est salué dans la Sainte Ecriture comme « le prince de la paix ». Comme tel, Il est prêt à la communiquer à tous ceux qui s'approchent de Lui avec confiance et la sollicitent de la libéralité de son Cœur.

Les anges ont annoncé la paix autour du berceau du Sauveur venu pour réconcilier le ciel avec la terre.

En pardonnant au pécheur, le Christ lui disait : « Va en paix et ne pèche plus. » A son exemple, l'Eglise continue à faire entendre ces consolantes paroles à ceux qu'elle réconcilie avec Dieu, soit au baptême, soit au Sacrement de pénitence.

Avant de mourir, le divin Sauveur voulut laisser aux Apôtres le bienfait de la paix, comme le don le plus précieux de son Cœur : « Je vous laisse ma paix, leur dit-il, je vous donne ma paix. » (Jean XIV, 27.)

Apparaissant aux siens après sa résurrection, et les admettant à contempler dans son côté ouvert la blessure de son Cœur, le Christ leur apporta encore un message de paix, en disant : « Que la paix soit avec vous ! » Son Cœur miséricordieux, oublieux de leur manque de fidélité et de leur inconstance, voulait rendre à leurs esprits désemparés et troublés le calme et la sérénité dans la possession de la paix.

C'est bien à la généreuse charité du divin Cœur, c'est à ses divins mérites que nous sommes redevables de la paix, qui est, elle-même, un des précieux fruits produits en nous par l'Esprit Saint.

Nos âmes puiseront la paix du Christ dans une grande dévotion au Sacré Cœur. Lui-même s'en fera le charitable et généreux dispensateur, si nous mettons notre confiance en Lui.

Le bienfait de la paix a été promis aussi par Notre Seigneur aux familles qui, consacrées à son divin Cœur, honorent son image exposée à leur foyer.

La paix sera encore assurée à la patrie, et la Iutte entre les classes y fera place à la concorde parfaite, à la condition que les concitoyens mettent en pratique le précepte du Maître: « Aimez-vous les uns les autres, comme Moi-même je vous ai aimés. »(Joan. XV, 12.)

Enfin la paix régnera dans le monde entier, elle y succédera aux bouleversements et aux luttes lorsque la devise de notre Pontife bien-aimé sera devenue la règle vivante des rapports réciproques entre les nations: « La paix du Christ dans le règne du Christ. »

Ch.G.Kanters

Commentaires des Litanies du Sacré Cœur (p 284 à 287)

Résolution :

En ce mois de juin, et particulièrement, en cette fête du Sacré-Cœur de Jésus, méditons les litanies du Sacré-Cœur afin de comprendre comment agir pour lever tous les obstacles à l’établissement de « La paix du Christ dans le règne du Christ. »

lundi 8 mai 2023

Mai 2023

 


En ce mois de mai, revenons au Commentaire de Mgr Williamson du 8 avril dernier consacré à la Charité.

Voici sa conclusion, avec de bonnes résolutions à mettre en pratique !

A l’exemple de Dieu, les « “Résistants” Catho-Tradis » ne devons-nous pas avoir d’autant plus compassion, en particulier pour nos frères catholiques (Gal. 6, 10) ? N’oublions pas non plus que les problèmes apparemment insolubles du monde d’aujourd’hui poussent de nombreux non-catholiques à penser à Dieu, de sorte que beaucoup d’entre eux peuvent facilement finir parmi les «derniers qui seront les premiers », tandis que si nous ne pratiquons pas nous-mêmes la charité, nous pourrions facilement figurer parmi les premiers qui seront les derniers (Mc. 10, 31). Notre Seigneur a dit à ses Apôtres qu’on les reconnaîtrait à la charité qu’ils auraient les uns pour les autres (Jn. 13, 35). N’y a-t-il pas actuellement un certain nombre de catholiques de la Tradition qui scandalisent les âmes par leur manque de charité les uns pour les autres ? Nous en répondrons devant le tribunal de Dieu, surtout après les dons spéciaux que nous avons reçus de Lui pour garder la Foi aujourd’hui.


jeudi 16 mars 2023

Mars 2023

Saint Joseph, un modèle de Charité

 


La Sainte Vierge aimait profondément saint Joseph de toute la pureté, de toute la profondeur de son cœur, de tout son pouvoir naturel et surnaturel d’aimer, d’une affection faite de reconnaissance, d’amour déférent, de respect.  En lui, elle voyait l’image du Père qui est aux cieux, son ami intime, le confident de tous les jours.  Qui pourra nous dire cette intimité délicate et profonde établie dès le premier instant entre elle et saint Joseph, sans que rien puisse faire une ombre, si  faible qu’elle soit, sur son amour divin ?

L’affection de Marie et Joseph consistait à vouloir mutuellement l’un à l’autre le bien de leur âme.  Ils se préoccupaient de la richesse spirituelle l’un de l’autre, de sorte que, de part et d’autre, l’âme montait.

Saint Joseph s’oubliait pour ne voir que Marie et pour demander que Marie grandisse dans l’amour de Dieu, et la Sainte Vierge était toute soucieuse de la perfection de son époux : ineffable commerce que nulle langue ne peut traduire.

R.de Langeac

Vous…mes amis (p 150,151)


Résolution :

Quels modèles à imiter, chacun selon notre état !  Que saint Joseph nous aide à progresser dans la vraie Charité !